06 juil. 2020
Ces dernières années, et en particulier après la crise financière mondiale, il est devenu de plus en plus évident pour la Suisse que la société ne peut plus compter sur les grandes entreprises ou l'État comme moteur de l'emploi, mais qu'il faut promouvoir un écosystème entrepreneurial axé sur les PME. Les nouveaux concepts organisationnels et les nouvelles opportunités de carrière pour les jeunes talents ont également eu un impact radical sur le monde du travail. Cette tendance devrait se poursuivre en raison des effets du COVID-19.
Les intentions entrepreneuriales des Suissesses et des Suisses sont plus élevées (10,7 %) qu'en 2018 (6,9 %) et identiques à celles de 2017, tout en demeurant inférieures à la moyenne des autres économies à revenu élevé (20,2 %). De plus, de facto, seuls 9,8% des Suisses se sont lancés dans l'aventure entrepreneuriale (taux de TEA - Total Entrepreneurial Activity). Le taux de création d’entreprise est bien inférieur à la moyenne des pays comparables (12,3 %).
C'est ce que montrent les derniers résultats du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), la plus grande étude internationale portant sur l’entrepreneuriat. L'édition suisse est publiée chaque année par la Haute école de gestion Fribourg (HEG-FR), cette année avec le soutien d'Impact Hub Bern et du Swiss Economic Forum (SEF). Environ 2500 personnes ont été interrogées dans toute la Suisse.
Motivations sous-jacentes à la création d’une entreprise
On relève autant de raisons menant à la création d’une entreprise qu'il y a de personnes prêtes à en créer une. Les fondateurs actifs ou entrepreneurs déjà établis en Suisse veulent faire une différence dans le monde (43,17 %), augmenter leurs revenus ou leur richesse (38,057 %), poursuivre la tradition familiale (17,11 %) ou simplement compenser le manque d'autres possibilités d'emploi (50,39 %). L'étude révèle des différences considérables dans les motivations entre les pays, parfois même entre économies voisines. Les résultats de la Suisse sont comparables à ceux de l'Allemagne ou d'Israël, et proches de la moyenne des économies à revenu élevé.
Women Entrepreneurship
Dans l'ensemble, la Total Entrepreneurial Activity (TEA) comporte une proportion d’hommes généralement plus élevée que de femmes. En Suisse, la différence entre les genres a diminué en 2019 : on compte en effet six femmes pour dix hommes entrepreneurs. En 2018, le rapport entre les femmes et les hommes entrepreneurs était de 5 à 10. Le GEM relève également des différences dans les attitudes et les perspectives des femmes et des hommes. Les femmes entrepreneures sont plus susceptibles d'être motivées de faire une différence dans le monde (46,9 %), tandis que les hommes entrepreneurs sont plus susceptibles d'être motivés de créer de la richesse ou un revenu élevé (46,6 %), ou de poursuivre une tradition familiale (20,2 %). Rico Baldegger, responsable de l'étude suisse, déclare : « La promotion des activités entrepreneuriales en Suisse repose principalement sur le soutien aux start-up et aux projets à base technologique (souvent de haute technologie). L'écosystème entrepreneurial en Suisse a connu un développement impressionnant ces dernières années, mais il existe toujours un écart entre les sexes. La valeur ajoutée d'un écosystème de femmes entrepreneures, plus motivées de faire la différence dans le monde, est mise en évidence dans le nouveau rapport. Par exemple, des activités ciblées dans le secteur de la santé ou le secteur social, ou la promotion spéciale d'un projet d'économie circulaire pourraient soutenir les femmes entrepreneures à l'avenir. L'impact de l'activité entrepreneuriale devrait être au centre de l'attention ! »
PME, tradition familiale et succession
La Suisse affiche un faible taux de fermeture d'entreprises (3,0 %) ainsi qu’un fort taux de propriété d'entreprises (11,6 %) par rapport à la moyenne des économies à revenu élevé. En outre, l'activité entrepreneuriale des salariés est inférieure à la moyenne. Dans la phase plus mature du processus entrepreneurial, la situation peut donc être considérée comme positive. Une comparaison internationale montre qu’en Suisse, les nouvelles idées commerciales sont de grande qualité. La proportion d'entreprises créées sur la base de bonnes opportunités est supérieure à la moyenne (67,6%), alors que celles nées par nécessité ne représentent que 13,9%. Cela explique les fortes attentes des fondateurs en matière de croissance : un tiers d'entre eux souhaite embaucher six personnes ou plus au cours des cinq prochaines années.
Effets sur l’entrepreneuriat
Orientation internationale : les jeunes entreprises suisses semblent être très orientées vers l’international. Les deux tiers des entreprises nouvellement créées en Suisse s'attendent à des ventes à des clients étrangers. Avec la Suisse, la Suède (28,6 %), l'Irlande (24,3 %) et la Slovénie (22,8 %) figurent en tête de liste des start-up à vocation exportatrice les plus solides.
Investissements informels : les investissements des amis, de la famille, des voisins, etc. jouent un rôle important en Suisse. 8,9 % des entrepreneurs suisses ont investi en moyenne 20 000 USD dans d'autres projets d'entreprise au cours des trois dernières années.
Ecosystème de start-up et PME dynamiques : en principe, une mise en réseau plus forte des PME dans le monde des start-up est souhaitable. Les start-up doivent établir des relations personnelles et de nouveaux réseaux sur une période plus longue afin de pouvoir s’y référer en cas de transfert. Quant aux entreprises familiales, des actions doivent être menées dans le domaine crucial de la digitalisation. Si l'évolution de l'environnement mondial entraîne des défis de différents types et d’ampleurs variées, elle génère également des opportunités pour les entrepreneurs innovants et dynamiques.