15 juin 2020
Vendredi 13 mars, la nouvelle tombe : suite à la décision du Conseil fédéral, les institutions de formation seront fermées pour une durée indéterminée. La HEG-FR s’organise : les cours seront proposés à distance et les enseignant-e-s ont une semaine pour s’y préparer. Texte tiré du HEG-FR Magazine par Danièle Rüeger, Responsable DevPro
Un outil de communication synchrone en ligne, un soutien et des ressources pédagogiques sont proposées au personnel enseignant pour faire face à l’urgence de la situation. Le lundi 23 mars, les cours reprennent et les étudiants découvrent l’enseignement à distance. Une semaine plus tard, un sondage auprès des professeurs et des étudiants a permis de recueillir de précieuses informations sur la manière dont la transition a été perçue ainsi que sur les difficultés rencontrées. Du côté des enseignant-e-s, un peu plus de la moitié ont répondu, et près de 90% ont jugé positivement leur première impression de l’enseignement à distance. Impressionnant !
Adapter son scénario pédagogique
L’adaptation à ce nouveau fonctionnement a toutefois demandé des efforts importants de part et d’autre. Cela a été tout particulièrement souligné par les enseignant-e-s qui qualifient le temps investi de « lourd », « énorme », « titanesque » …
Car, comme cela a été très justement relevé par un ou une professeur-e : « il faut aussi réinventer le scénario pédagogique ». Effectivement, l’enseignement présentiel ne peut être transposé tel quel. L’effort essentiel consistera alors, selon l’expression consacrée, à « réintroduire de la présence dans la distance ». Il s’agira par exemple de trouver un moyen de donner du relief à un contenu, d’évaluer le degré de compréhension des étudiants, d’organiser des travaux de groupe en ligne. Tout un programme…
Le point de vue de Gaby Probst, professeure, conseillère pédagogique et membre de la direction
Gaby, avec ces 3 casquettes, vous avez une excellente vue d’ensemble de cette transition vers l’enseignement à distance. Selon le sondage que vous avez mené, les enseignant-e-s semblent avoir relevé le défi avec beaucoup d’engagement. Qu’en est-il des étudiants et étudiantes, en particulier des vôtres ?
De mon côté, l’engagement dans les 5 cours de langue que j’anime actuellement a été très bon au début. Les étudiant-e-s étaient très motivé.e.s et rassuré.e.s de voir que seule la forme du cours changeait, mais non les objectifs ou les contenus. Cette continuité, combinée avec une communication claire, les a réconforté-e-s au début, quand la situation leur demandait beaucoup de flexibilité. Par contre, il est difficile de préserver cette motivation sur la durée. L’incertitude quant aux examens et au contexte sanitaire les a beaucoup fragilisé-e-s.
La recherche dans le domaine de l’enseignement à distance a montré depuis longtemps que quand une institution décidait d’introduire ce type de dispositif pédagogique, la qualité de l’enseignement traditionnel augmentait. A la HEG, cela s’est fait dans l’urgence, mais imaginez-vous tout de même un impact lorsque les cours reprendront en présence ?
En tant que responsable pédagogique, je souhaite de tout cœur partager avec les étudiant-e-s ces expériences parfois très positives. Donc il faut analyser ce qui a fait avancer l’apprentissage autonome pour pouvoir reprendre et répandre ces possibilités de l’enseignement à distance. De mon côté, j’utilise des plateformes ou des outils du e-learning depuis longtemps déjà et je connais bien les possibilités qu’ils offrent mais aussi l’investissement nécessaire pour les intégrer de façon cohérente.
Envisager de l’enseignement à distance à la HEG sur le plus long terme, c’est possible ?
Bien sûr, et comme nous l’avons vu, nous n’inventons rien. Pour une intégration à long terme de ces dispositifs à la HEG, plusieurs aspects doivent être réunis :
- la volonté des professeur-e-s et de l’école
- une bonne intégration des outils pensée en amont
- une excellente communication écrite de la part des professeur-e-s
- soit de bonnes compétences techniques de la part des professeur-e-s, soit de la curiosité pour ces outils – combinées avec un bon accompagnement et une mise en question régulière sur les apports des outils mis à disposition
- l’enthousiasme devra être de mise également ! Selon Henry Ford : l’enthousiasme est la base de tout progrès.
L’enseignement à distance : pas si nouveau !
Certains l’attribuent au 18ème siècle avec l’essor de l’imprimé et d’autres au 19ème avec l’émission des timbres par les postes royales britanniques. Quoiqu’il en soit, l’enseignement à distance se développera ensuite au gré de l’évolution des médias pour répondre aux besoins de populations qui n’ont pas accès à l’enseignement traditionnel, notamment issues de régions rurales. En 1858, pour la première fois, une grande institution, l’Université de Londres, décerne des diplômes à des étudiants ayant suivi leur formation à distance.
Dans les années 70, deux institutions joueront un rôle fondamental dans le développement du concept pédagogique de l’enseignement à distance : l’Open University au Royaume Uni et la TéléUniversité du Québec. A partir des années 80, ce type de dispositif va essaimer avec le développement de l’informatique, puis d’internet. Désormais, avec les possibilités des outils de communication et de collaboration du web, l’enseignement à distance s’est immiscé dans tous les environnements d’apprentissage sous forme de soutien à l’apprentissage, de dispositifs hybrides et classes inversées. Jusqu’au jour où, dans l’urgence, il s’est imposé dans nos institutions de formation.
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